Roda YAHYA
©Giuliana Massaro
Roda YAHYA
par Anne-Liesse Persehaye
Cuisiner, Roda Yahya le fait depuis qu’elle est toute petite : avec sa mère d’abord puis l’une de ses six sœurs. Elle a pourtant dû exercer d’autres métiers avant de revenir à ses premières amours.
Originaire du Soudan, elle a quitté son pays en 2003, alors que démarrait la guerre du Darfour. Elle a d’abord vécu en Égypte, où elle a été assistante maternelle puis coiffeuse. Elle y a ensuite ouvert un coffee shop, où elle servait des sandwiches, quelques plats et un dessert soudanais, une crème au fenugrec et aux raisins secs. Un premier pas vers son rêve de « devenir business woman dans la restauration ».
Roda arrive en France en 2021 et c’est un long parcours d’intégration qui commence pour elle. Il lui faut d’abord apprendre la langue française : elle y met tout son cœur, regardant des vidéos sur YouTube pour commencer puis suivant des cours avec l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration). Elle candidate en intérim et obtient un poste dans une cantine scolaire mais elle veut progresser : « Je voulais trouver une formation diplômante et pouvoir travailler dans la restauration privée. »
Après un passage en tant qu’agent d’accueil aux TCL, via l’association Médialys, qui facilite le retour à l’emploi des personnes en situation d’exclusion, et la naissance de son fils, Roda retrouve le chemin de la cuisine. Elle intègre une formation en restauration de 4 mois qui lui permet de commencer à réfléchir à son projet : ouvrir un food truck.
Depuis la rentrée 2024, l’entrepreneure en herbe prépare son CAP Cuisine au GRETA, dans le cadre du programme Des Étoiles et des Femmes de l’association Weavers. Elle travaille en alternance au restaurant Accords Gourmands à Vaise (Lyon 9e) où le chef la laisse seule en cuisine régulièrement, confiant dans ses compétences. Elle devrait boucler ses examens et obtenir son diplôme quelques jours avant le Refugee Food Festival !
Soutenue par l’association SINGA, Roda avance en parallèle sur son projet entrepreneurial pas à pas. Après une présentation devant un jury en février 2025, qui lui a permis d’en valider le financement, elle se penche sur son business plan, son menu et les fiches techniques associés. Son food truck, qui devrait ouvrir en septembre 2025, dans le quartier Sans-Souci (Lyon 8e), et mettra évidemment à l’honneur la cuisine soudanaise mais revue à sa sauce. Elle y proposera notamment sa spécialité, une tartine d’aubergines cuisinées au paprika, et des plats à base de bœuf. “On n’imagine pas une journée sans manger de viande dans mon pays”, témoigne-t-elle.
Pour le Refugee Food Festival 2025, la jeune diplômée sera aux côtés de l’équipe de la Dwicheria aux SUBS pour proposer de la street-food italo-soudanaise. Un mélange qui devrait dépoter !
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