Nawar ABAZID

Parcours

©Justine Nerini

Nawar ABAZID

Parcours

par Justine Nerini

Ce moment partagé avec Nawar est empreint d’humilité et de générosité. Derrière son regard un peu timide, la cheffe prend le temps de revenir sur son éprouvant parcours d’exilée : « La France m’a donné des chances que mon pays ne m’a pas offert. »

Retour en 2012. Alors âgée de 28 ans, l’ancienne professeure de physique est contrainte de quitter la Syrie pour se mettre à l’abri : « Ce sont des membres de ma famille qui ont déclenché la révolution en 2011 contre Bachar Al-Assad », raconte-t-elle. Pour échapper à une arrestation, Nawar, son mari et ses enfants prennent alors la fuite par la route. Après quelques semaines en Jordanie et deux ans en Égypte, c’est finalement la France qui leur donnera l’asile. Mais l’absence de repères et la perte d’un troisième enfant rendent l’acclimatation délicate.

Comme pour se reconnecter à ses racines et panser ses blessures, Nawar entreprend une reconversion dans la cuisine : « En Syrie, je cuisinais beaucoup pour ma famille. L’association Singa m’a aidée à me reconnecter à ces souvenirs et m’a donné la chance de réaliser ma première expérience traiteur pour l’édition 2022 des Nuits Sonores à Lyon. Puis l’année suivante, le Refugee Food Festival a confirmé mon envie de créer un lieu à mon image. Quand j’étais petite, je rêvais d’ouvrir un bar-restaurant à mezze, où mes amis viendraient passer du bon temps ensemble. »

Un rêve devenu réalité début 2024 avec l’inauguration de Nafas, son premier restaurant au cœur du passage Thiaffait à Lyon, dans lequel elle peut désormais pleinement s’exprimer : « Je vois la cuisine comme un langage universel avec lequel je peux transmettre des messages. » Avec une touche d’amour dans chacun de ses plats, Nawar veut faire passer ses émotions : « Je veux partager ma culture et transmettre ce que je peine à exprimer verbalement. Aujourd’hui je fais ce que j’aime et je me sens enfin épanouie et maîtresse de moi-même. Avec Nafas, j’ai envie de changer les mentalités et montrer que la Syrie possède des aspects bien plus riches et variés que ce qui est souvent véhiculé par les médias. » Mission accomplie.

Son plat signature ?

« Les kebbés labaniyé, ce sont des boulettes de viande et boulgour servies avec une sauce au yaourt. C’est une recette que ma mère m’a transmise et qui demande une grande attention lors du façonnage ainsi que beaucoup d’amour. »

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