La Gazette de Refugee Food : petits secrets de fabrication
La désormais célèbre Gazette de Refugee Food revient pour sa 5e édition ! Découvrez-la ici et sur toutes les tables du Refugee Food Festival. On vous dévoile les coulisses d’un petit journal qui se veut instructif, émouvant, gourmand et engageant.
Nous avons cette année souhaité nous attaquer aux idées reçues sur les migrations en France et en Europe. Gros sujet nous direz-vous ! Après des semaines de recherches, de lectures, de calculs et surtout l’aide précieuse de Matthieu Tardis et Benjamin Michallet, tous deux chercheurs sur les migrations, nous avons réussi à construire ensemble une double page s’attaquant à 8 idées reçues. Nous souhaitions mettre en avant nos sources, en toute transparence, pour vous permettre d’approfondir certaines questions. Allez, c’est parti :
- « Fermer les frontières pour plus de sécurité »
« Les études réalisées dans différents pays concluent sans ambigüité que les immigré·es ne sont pas à l’origine d’une augmentation des taux d’infraction dans les pays d’accueil » écrivent en avril 2023 Arnaud Philippe et Jérôme Valette, membres du Centre d’Études Prospectives et d’Informations Internationales, rattaché au Premier Ministre.
- « L’immigration coûte cher à la Sécurité sociale »
Lorsqu’on parle de Sécurité sociale et d’immigration, on pense à l’Aide Médicale d’État entrée en vigueur en 2000. Pourtant, l’AME n’est pas financée par l’Assurance maladie mais par l’État. De plus, le budget de l’AME équivaut à moins de 0,2% des dépenses de santé de l’Assurance maladie.
- « Régulariser peut créer un appel d’air »
On entend souvent que la régularisation des personnes exilées pourrait créer un « appel d’air » et donc encourager les arrivées vers le sol français. Pourtant, de nombreuses études s’accordent pour dire que « ce sont beaucoup moins les conditions d’arrivée qui attirent que la situation dans les pays de départ, où se mêlent l’absence d’espoir, le chômage massif des jeunes et parfois aussi la guerre et l’insécurité » (Institut Convergences Migrations, dans un article du Monde de janvier 2023).
À l’inverse, comme l’explique le démographe et titulaire de la chaire Migrations et sociétés au Collège de France François Héran, fermer les frontières pourrait inciter les personnes exilées à s’installer dans leur pays d’accueil de peur de ne pouvoir revenir après un aller-retour dans leur pays d’origine.
- « Il y a une explosion migratoire »
Si depuis 1921 le taux d’immigré·es dans la population française a augmenté, on ne peut pour autant parler parler d’explosion migratoire. Sur un siècle, soit entre 1921 et 2022, ce taux est passé de 3,7% à 10,3%, selon des données de l’INSEE. Pour autant, cette augmentation n’est pas linéaire puisqu’entre 1921 et 1931, on passe de 3,7% à 6,6%, alors même qu’on ne note qu’une hausse de 0,7 point de pourcentage enre 1931 et 1990.
- « Les immigré·es font chuter le salaire des Français·es »
Selon le « World Development Report 2023 » de la Banque Mondiale, lorsque le nombre de personnes sur le marché du travail augmente de 1% du fait de l’immigration, la variation du salaire des travailleur·euses français·es les moins diplômé·es est nulle.
- « L’Union européenne est submergée par les demandes d’asile »
En 2023, les pays de l’Union Européenne ont enregistré 1 129 800 demandes d’asile, soit à peine l’équivalent de 0,25% de la population globale de l’Union. Ces données sont issues d’Eurostat, agence de données statistiques rattachée à la Commission européenne.
© Coline Ciais-Soulhat
« Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien,et de revenir
dans son pays. »
Article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
- « On accueille la misère du monde »
« En 2018, 37,2% des immigré·es d’Île-de-France étaient titulaires d’un Bac+5 ou plus. C’est seulement 2 points de moins que dans la population non immigrée » déclare Mustapha Touahir, directeur adjoint de l’INSEE Île-de-France.
- « Le monde de la restauration n’a pas besoin d’immigration »
Selon l’INSEE, 50% des emplois dans la restauration en Île-de-France sont pourvus par des personnes immigrées, tandis qu’entre 200 et 300 000 postes sont à pourvoir dans le secteur de l’hôtellerie-restauration.
La Gazette de Refugee Food est conçue grâce à l’accompagnement des Digitalistes, agence éditoriale située dans le 12e arrondissement de Paris. Les petites mains de Mathilde, Marie et Charlie ont fait de cette 5e édition une vraie réussite ! La Gazette ne serait également rien sans les mots précieux des journalistes et rédactrices qui rédigent les parcours de vie et autres rubriques. Enfin, Jean Aubertin a illustré les textes de Farah Keram sur les pains de l’urgence.
Nous remercions aussi très chaleureusement Maryam Lévy, Justine Nérini, Aude Cabau, Zazie Tavitian, Géraldine Meignan, Laurène Petit, Toques en Stock, Jean-Charles Lefrançois et Mehdi Djaoud pour leurs contributions.